mardi 25 octobre 2011

Paris : Incendie dans un squat de Roms


Le parquet de Paris a saisi la police judiciaire pour une enquête en flagrance sur l'incendie dans la nuit de lundi à mardi d'un hangar désaffecté du 20e arrondissement de Paris où s'étaient installés une centaine de Roms, dont 43 enfants. L'incendie a fait deux blessés légers, dont un militaire de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris intervenue très rapidement, selon un voisin et la Ville de Paris. Les enquêteurs du deuxième district de la police judiciaire (DPJ) de Paris tenteront de vérifier le témoignage d'une personne qui affirme avoir vu "des individus jeter des cocktails Molotov", a expliqué une source proche du dossier.

Sans préjuger de l'origine accidentelle ou criminelle du sinistre, la Ville de Paris explique dans un communiqué qu'elle "devait faire évacuer ce site suite à une décision de justice, obtenue il y a quelques semaines". Le Collectif contre la xénophobie a affirmé que des "individus en cagoule (avaient) attaqué la Maison des Roms (...) à coups de cocktail Molotov", rue des Pyrénées, où vivaient "illégalement" selon la mairie "114 personnes, dont 43 enfants". "Ces hangars, qui abritaient une centaine de Roms depuis près d'un an, ont flambé et se sont effondrés. Tous les habitants ont pu sortir à temps. Un d'entre eux est à l'hôpital", a poursuivi le collectif dans un communiqué, faisant état de menaces récentes proférées par de "prétendus voisins". Le hangar sinistré est une ancienne cartonnerie, désaffectée depuis plusieurs années et où des Roms se sont installés en octobre 2010, selon le voisinage.

"Cela a été très vite"Evacuées, les familles "ont été accueillies à la mairie du 20e arrondissement et, grâce à la mobilisation des services municipaux, la très grande majorité a pu bénéficier d'un hébergement d'urgence" dans la nuit, selon le communiqué de la mairie. Les services municipaux vont désormais "proposer des solutions d'accompagnement" aux Roms, "en lien avec la préfecture de Paris". Éducateur spécialisé qui suivait des enfants du squat depuis février, Guillaume, de l'association "Harissa sauce", explique que l'eau et l'électricité avaient été installées par la mairie et que le hangar avait été aménagé pour offrir "un peu d'intimité" aux habitants. "C'était très propre, ils entretenaient eux-mêmes les toilettes", selon l'éducateur. "À 21 h 10, on a entendu des cris. Il y a souvent des cris, souvent des bagarres. Dix minutes plus tard, les pompiers sont arrivés. Ils nous ont évacués", a raconté un homme vivant dans l'immeuble voisin du hangar, Gilles Ferros.

Rue des Pyrénées, de l'autre côté de la rue, une trentaine de Roms sont revenus mardi matin, souhaitant récupérer quelques effets personnels, mais étaient empêchés d'entrer sur le site pour des raisons de sécurité. "Cela a été très vite", raconte l'un d'eux, Nicolaï, l'un des rares à s'exprimer en français, qui ne souhaite pas donner son nom. Expliquant que le sinistre était parti de l'arrière du bâtiment, il exclut que le sinistre provienne d'un problème électrique : "Quand le feu est parti, l'électricité fonctionnait toujours", affirme-t-il. L'enquête de flagrance facilite une réaction rapide de la police judiciaire. Elle peut durer huit jours, délai qui peut être doublé.

Plusieurs installations précaires de Roms ont été la proie des flammes cette année en Ile-de-France : à Orly (Val-de-Marne) à deux reprises en janvier et en avril, à Bobigny en février et porte de la Villette à Paris en juillet. En février 2011, un homme d'une cinquantaine d'années était décédé dans l'incendie d'un camp rom à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). En février 2010, une fillette de 15 mois et son frère de 3 ans avaient péri dans l'incendie d'un camp de Roms, toujours à Orly.

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