dimanche 29 janvier 2012

Pérou: 26 morts dans l'incendie d'un centre sans doute illégal de toxicomanes

Au moins 26 personnes ont péri et une dizaine ont été blessées samedi dans l'incendie d'un centre de réhabilitation pour toxicomanes qui fonctionnait, apparemment de manière clandestine, dans la grande banlieue de Lima.
L'incendie, qui aurait été causé par un des pensionnaires qui aurait mis le feu à un matelas, a piégé à l'heure du petit déjeuner plusieurs dizaines de jeunes enfermés, portes closes, dans le centre situé à San Juan de Lurigancho, un faubourg populaire à l'est de la capitale péruvienne.
"L'incendie s'est ensuite étendu sans que personne ne puisse l'éteindre", a déclaré le commandant des pompiers Antonio Zavala. La plupart des victimes sont mortes par asphyxie.

Le feu, avant d'être maîtrisé, n'a ravagé que le rez-de-chaussée de l'immeuble de deux étages, une construction manifestement bâclée, de briques et de bois pour le deuxième étage, située en marge d'une grande avenue de San Juan de Lurigancho, a constaté l'AFP.
Mais c'est au rez-de-chaussée que se trouvaient la majorité des pensionnaires, de jeunes drogués et des alcooliques.
En temps normal, le centre abritait jusqu'à 80 pensionnaires, selon le parquet, mais le nombre de présents samedi était incertain.
"Vingt-deux personnes ont péri sur les lieux", a indiqué le ministre de la Santé Alberto Tejada sur la télévision ATV+, mais plusieurs autres sont mortes lors de leur transfert ou à l'hôpital, a ajouté le Dr Javier Correa, un médecin de son ministère.
"Trois des blessés sont dans un état très, très grave. Les autres sont en phase de récupération", a déclaré le médecin du ministère, qui a évoqué des asphyxies mais aussi des brûlures graves.
Plusieurs pensionnaires se sont sauvés en sautant du premier étage. L'un de ces rescapés, qui s'est présenté comme Juan, a raconté à la radio RPP: "Je ne voyais que de la fumée, et j'entendais des cris".
Près de cinq heures après le sinistre, des familles erraient encore aux abords du centre, entre angoisse et colère, dans l'espoir de nouvelles d'un cousin, d'un neveu.
"J'ai un frère à l'intérieur, mais je ne sais pas s'il est vivant ou mort", racontait entre les sanglots à l'AFP une femme revenue à elle après un évanouissement. "Je demande, mais personne ne sait rien, on m'a dit d'aller demander à l'hôpital Dos de Mayo".
Plusieurs policiers, dont le chef de la police nationale, le général Raul Salazar, et des représentants du parquet ratissaient les décombres du rez-de-chaussée à la mi-journée en quête d'indices.
Toujours rassemblés autour du site de l'incendie, gardé par un fort cordon policier, des riverains se plaignaient du centre "Christ est amour" en raison du bruit et du désordre généré par les toxicomanes. Mais d'autres dénonçaient aussi son caractère informel, l'absence de supervision.
Maria Alca Ramos, cousine d'un des morts, se plaignait du fait que le propriétaire du centre "faisait payer 150 soles (55 dollars) mensuels" pour garder un jeune. Soit une petite fortune au Pérou, où le salaire minimum est de 250 dollars.
"J'avais aussi un frère, mais il s'est enfui il y a trois semaines, parce qu'ils le ligotaient", a-t-elle raconté à l'AFP, en montrant du doigt le bâtiment aux portes et fenêtres doublées de grilles.
Selon des sources de la municipalité de San Juan de Lurigancho, citées sur l'agence de presse officielle Andina, le centre incendié aurait déjà été fermé à deux reprises au cours des dernières années.
"Apparemment, le centre (de désintoxication) ne serait pas officiel", a reconnu le ministre Tejada sur ATV+, depuis la ville amazonienne d'Iquitos (nord) où il se trouvait samedi.
"Nous savons qu'il existe une culture d'informalité au Pérou", a-t-il ajouté.

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