dimanche 22 avril 2012

MONTBÉLIARD : LA SORTIE DU SAMU TOURNE MAL

L’équipe du SAMU de garde vendredi dernier à l’hôpital de Montbéliard ne s’est méfiée de rien. Lorsque le médecin, l’infirmière et l’ambulancier sont bipés, « vers 14 h 30 », ils partent pour un malaise hypoglycémique (insuffisance de sucre dans le sang). À leur arrivée à Seloncourt (Doubs), l’homme de 65 ans pour lequel ils ont fait le déplacement refuse de leur ouvrir la porte de son pavillon. Alors que Damien Tisserand, 36 ans, ambulancier au SMUR depuis huit ans, s’approche de la fenêtre de la cuisine « pour établir un dialogue », la personne qu’il était censé secourir brandit un couteau à pain dans sa direction. Le soignant a alors le réflexe de se protéger le visage et la gorge avec sa main gauche. L’équipe du SAMU se replie immédiatement et demande le concours de la police nationale.

Trop tard, Damien Tisserand est touché. Il souffre de « plaies profondes » à trois doigts. Ses collègues lui prodiguent les premiers soins, puis les pompiers d’Hérimoncourt le transportent aux urgences de Montbéliard. Il est ensuite admis à la clinique du Diaconat de Mulhouse, spécialisée dans les traumatismes de la main. Opéré dans la foulée, il a pu rentrer chez lui vendredi soir. Atteint au tendon du majeur, il est arrêté pendant trois semaines, « pour commencer », et reçoit des soins à domicile tous les deux jours.

L’agresseur, lui, a été délogé par les forces de l’ordre et conduit à l’hôpital de la cité des Princes. Mais il ne fait à ce jour l’objet d’« aucune poursuite pénale », fait-on savoir au commissariat central de Montbéliard. Un fonctionnaire explique en effet que l’ambulancier du SAMU a voulu se saisir du couteau par la lame. C’est à se moment que l’homme, « en état d’ébriété sous-jacent », selon une source, a retiré l’arme blanche. Pour les policiers, c’est donc un accident.

« SE FAIRE TAPER DESSUS NE PEUT PAS FAIRE PARTIE DU QUOTIDIEN DE NOS AGENTS »

« Il faut être inconscient pour saisir un couteau par la lame », objecte Damien Tisserand. Pour que l’affaire n’en reste pas là, ce papa de deux enfants a déposé plainte à la brigade de gendarmerie dont dépend le village où il habite, à côté de Lure. Le centre hospitalier de Belfort-Montbéliard (CHBM) s’apprête à en faire autant à l’hôtel de police de Montbéliard : « Nous refusons la banalisation des violences. À chaque fois, les auteurs jurent que ça ne se reproduira plus, et ça se reproduit quasiment toutes les semaines (lire ci-contre). Se faire taper dessus ne peut pas faire partie du quotidien de nos agents », affirme, intransigeant, Damien Oudot, le directeur des affaires juridiques du CHBM.

« On est là pour porter secours et on se fait agresser gratuitement », réagit l’ambulancier du SAMU, qui salue la prise en charge « extraordinaire » dont il a été l’objet. Et qui, malgré le premier incident sérieux de sa carrière, déclare toujours aimer son métier.

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