mercredi 18 avril 2012

Pourquoi les pilotes de Canadair prévoient-ils une grève le 1er juillet ?

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En déposant le 15 avril un préavis de grève pour un mouvement commençant le 1er juillet, les pilotes de la Sécurité civile semblent vouloir laisser le temps au dialogue social de s'instaurer. Cette anticipation correspond à la réalité du travail de ces pompiers du ciel qui, sauf exception comme celle de l'éruption du volcan de La Réunion, interviennent essentiellement en été à la saison sèche quand le mistral attise le moindre départ de feu. S'il pleuvait à cette période sur la Provence ou la Corse, la garrigue serait trempée. La grève aurait donc l'effet d'un pétard mouillé, perturbant seulement les entraînements ou le planning des récupérations avant la pleine saison.

Les pilotes de Tracker, de Canadair et de Dash 8, les trois types d'appareil intervenant sur les feux, sont inquiets à court terme sur le déroulement de la prochaine saison, mais aussi à plus long terme sur l'absence de choix d'un avion pour renouveler la flotte existante qui vieillit. Restrictions budgétaires obligent, deux des douze Canadair - l'hydravion qui peut larguer 6 000 litres d'eau sur un feu - seraient mis en réserve. Il faut, semble-t-il, ramener de 44 à 35 millions d'euros la facture de maintien en conditions opérationnelles des avions.

Dialogue coupéEt en cas de sinistres majeurs et multiples ? "Les deux Canadair arrêtés ne seront pas réellement disponibles en urgence, car, au moins 24 heures seront nécessaires pour les remettre en service", explique François Tauveron, pilote de Dash 8 et délégué du SNPNAC (syndicat national du personnel naviguant de l'aéronautique civile). Pendant ce temps-là, des centaines d'hectares de forêt peuvent brûler alors que des équipages d'alerte seront cloués au sol. Sur un effectif total de 120 personnes, la base de Marignane compte 85 pilotes. En majorité, ils sont issus de l'armée de l'air ou de la marine.

Le dialogue semble coupé entre les pilotes et la nouvelle direction de la Sécurité civile au ministère de l'Intérieur installée à Asnières et qui n'était pas joignable mardi. Il lui est reproché une absence d'état d'âme et de culture de la lutte contre les feux au profit d'une recherche systématique d'économies. L'inquiétude chez les navigants dépasse la seule saison 2012 et concerne l'avenir des bombardiers d'eau. Cet été, l'Air Tractor, un monomoteur dérivé d'un avion d'épandage agricole, doit être évalué pour le "guet aérien armé". En cas de sécheresse et de vent, l'appareil est envoyé en vol au-dessus de la zone sensible, prêt à larguer en quelques minutes une quantité significative d'eau. Mais les pilotes ne sont guère enchantés d'attaquer des feux avec un avion à un seul propulseur.

Ces malaises ressurgissent chaque jour lors de la prise de service. Une provocation ubuesque attend les navigants à l'entrée de la base. L'aéroport de Marseille a implanté un contrôle de sûreté pour fouiller, parfois au corps, les pilotes de la Sécurité civile. Même en cas d'alerte incendie. Le feu attendra.

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