samedi 4 mai 2013

Femme pompier décédée une cascade d'erreurs

Sabine Valance-Nowak avait eu droit à des obsèques nationales, le 10 mai 2012, à Vézelise.  Photo DR
La famille de Sabine Valance-Nowak, décédée le 30 avril dernier en intervention à l’usine SeVeal de Ludres, peut enfin faire son deuil. La justice a autorisé la crémation du corps, selon les dernières volontés de la victime. Le corps a donc été exhumé du cimetière de Vézelise et incinéré le 25 avril. La cérémonie d’inhumation des cendres aura lieu aujourd’hui, dans l’intimité familiale. « Pour nous, c’est un premier soulagement mais le véritable deuil ne pourra se faire qu’au terme de l’instruction », confient la sœur et le compagnon de la victime.
Chef adjointe du centre de secours de Neuves-Maisons, cette mère de deux enfants intervient, le 30 avril 2012, chez SeVeal, une société sensible de la zone industrielle de Ludres, spécialisée dans le stockage de produits agro-pharmaceutiques, après le déclenchement d’une alarme incendie. Sur place, pas de flammes, pas de fumée, pas de points chauds pointés par les caméras thermiques… Le déclenchement est intempestif, très vraisemblablement causé par un court-circuit.

Asphyxiée
Néanmoins, il provoque le déversement de milliers de m³ de mousse haut foisonnement, anti-incendie. Une cellule de stockage de 1 000 m² est noyée sous 10 m de produit, du sol au plafond. Équipée d’appareils respiratoires isolants (ARI) Sabine Valance-Nowak et un binôme pénètrent dans le bâtiment pour une opération de reconnaissance. Au cours de l’exploration, alors que Sabine Valance-Nowak ferme la marche, le binôme perd tout contact avec elle. Des équipes de recherches la retrouveront inanimée, de longues minutes plus tard. « L’autopsie n’a pas relevé de problème de santé pouvant expliquer sa mort », expliquent Hervé Nowak, le concubin de la victime et Béatrice Valance, sa sœur. « Sabine est morte par étouffement ». Asphyxiée. Privée d’air, prise au piège d’une mousse qualifiée de « non toxique » par un expert. Il est aujourd’hui établi que la texture de la mousse, anormalement compacte, collante et semblable à du fromage blanc, a occasionné une surconsommation de la réserve d’air contenu dans l’ARI ainsi qu’un défaut d’étanchéité des masques qui glissaient sur le visage. Si bien que le binôme est ressorti épuisé, haletant, avec la bouteille de l’ARI à zéro. Un récent rapport d’enquête de l’inspection « Défense et sécurité civiles » du ministère de l’Intérieur, pointe plusieurs dysfonctionnements survenus au cours de cette intervention. « Ce rapport n’avait pas pour objet de statuer sur des responsabilités mais a tenté d’identifier les causes probables de l’événement pour qu’il ne se reproduise plus », précise Me François Robinet, l’avocat de la famille, partie civile dans cette instruction ouverte contre X pour homicide involontaire.
Précipitation
« Le décès est dû à une cascade d’erreurs au cours d’une mission de reconnaissance mise en œuvre dans la précipitation », observe Me Robinet. « La liaison personnelle de Sabine était fixée au mousqueton du sac à dos du pompier qui la précédait. Une fixation non conforme alors qu’elle aurait dû être reliée au ceinturon de son coéquipier. Quand le binôme a décidé de faire demi-tour en raison du manque d’air dans l’ARI, il a déposé le sac à dos et de ce fait, Sabine a été involontairement abandonnée », poursuit l’avocat nancéien.
« Elle ignorait cette décision du binôme car tous les trois étaient dans l’impossibilité de communiquer ou même de se voir en raison de la densité de la mousse. Totalement désorientée, perdue, en manque d’air, Sabine a été retrouvée en arrêt cardio-ventilatoire », précise encore le conseil. Elle sera déclarée morte le 3 mai. Pour MeRobinet, « des responsabilités sont encourues mais il appartient maintenant à la justice de le déterminer au vu des rapports d’expertises et des témoignages ».

Source : Le Républicain Lorrain

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