Les malheurs s’accumulent depuis quelques semaines pour le groupe américain Chevron, qui s’est vu infliger une amende de vingt millions d’euros par l’Institut brésilien de l’environnement (IBAMA) et est provisoirement banni des eaux territoriales du pays à la suite d’une marée noire dans la baie de Campos dont tout porte à croire qu’elle est largement de son ressort. Un gros coup dur qui en a précédé un autre il y a une dizaine de jours, la cour d’appel de Lago Agrio (Équateur) l’ayant condamné à verser la bagatelle de quatorze milliards d’euros d’indemnités pour avoir détruit et pollué la forêt amazonienne et avoir de facto gravement porté préjudice aux trente mille Indiens qui vivent dans la région concernée par ses exactions environnementales. Ce jugement tardif – les premières plaintes ont été déposées en 1993 auprès d’un tribunal de New York – et sévère, bien qu’une expertise judiciaire ait évalué les dommages à vingt-et-un milliards d’euros, le pétrolier ne l’accepte pas. Il a ainsi fait appel devant la Cour Suprême d’Équateur et a déposé un recours devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye (Pays-Bas), tandis qu’une plainte pour corruption des juges équatoriens et diffamation est en cours d’instruction aux États-Unis.
L’urgence immédiate n’est cependant plus là : au large des côtes nigérianes, dans une zone où les déversements d’hydrocarbures sont le lot quasi-quotidien des populations depuis plusieurs décennies, un incendie dont les causes restent à définir – une enquête a été ouverte afin de faire la lumière sur cet accident – s’est déclaré avant-hier vers cinq heures du matin heure locale (4h GMT) sur la plate-forme K.S Endeavor. Rapidement évacuée, celle-ci abritait cent cinquante-quatre employés au moment du sinistre.
Deux d’entre eux sont toujours portés disparus, tandis qu’une explosion de la structure demeure hélas envisageable, ce qui au regard des richesses pétrolières alentours serait bien sûr un véritable cataclysme écologique. Selon un porte-parole de la Nigerian National Petroleum Corporation, laquelle coopère avec Chevron et d’autres entreprises pétrolières étrangères dans le cadre de l’exploitation des ressources d’or noir offshore du pays, un « coup de gaz », c’est-à-dire une importante augmentation de la pression du gaz à partir du forage, pourrait avoir provoqué l’incendie. Membre des Amis de la Terre et co-fondateur de l’ONG nigériane Environmental Rights Action (ERA), Nnimmo Bassey a quant à lui déclaré que « les travailleurs ont tenté de contenir la pression du gaz mais n’y sont pas parvenus ».
Cinquième exportateur mondial de pétrole brut aux États-Unis, le Nigeria produit l’équivalent de deux millions quatre cent mille barils par jour, ce qui n’est déjà pas sans conséquences écologiques et sanitaires. La société Chevron, elle, produisait en moyenne cinq cent vingt-quatre mille barils de pétrole brut par jour en provenance du pays en 2010. Elle est mal partie pour faire aussi bien cette année.
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