vendredi 29 juin 2012

A Marignane, les pilotes des canadairs seront en grève dès dimanche !

Le 10 avril dernier, l’intersyndicale des pilotes bombardiers d’eau de Marignane avait déposé un préavis de grève reconductible à dater du 1er juillet prochain, dans le but de dénoncer le manque de moyens de la flotte. En effet, la Direction de la Sécurité Civile a décidé de laisser au sol cet été deux canadairs pour des questions financières. A trois jours de l’ultimatum, nous avons voulu faire le point sur la situation avec François Tauveron, le porte- parole de l’intersyndicale.

Mlactu : En avril dernier, vous avez déposé un préavis de grève reconductible à dater du 1erjuillet. Pourquoi avoir déposé ce préavis plus de deux mois à l’avance ?

François Tauveron : « Nous avons voulu lancer un préavis très tôt parce que nous ne sommes pas aveugles et nous avons bien vu qu’en période électorale, c’est long et compliqué. Les interlocuteurs d’un jour ne sont pas ceux du lendemain donc on voulait se donner un maximum de temps pour discuter avec notre direction. Nous ne sommes pas des extrémistes ; faire grève, ça ne nous amuse pas plus que ça mais on a de tels problèmes actuellement qu’il faut absolument les résoudre. Clairement, c’est la politique et la stratégie de lutte contre le feu de forêt au niveau aérien qui est en train d’être remis en cause.»

Mlactu : En deux mois vous avez donc eu le temps de discuter avec la direction ; que vous ont-ils dit ?

François Tauveron : « Dans notre préavis de grève, il y a tout un paragraphe qui est consacré à la dégradation du dialogue social. C’est bien notre problème. Aujourd’hui nous n’avons aucune discussion avec la direction et ce n'est pas faute de les avoir relancé. Le directeur à qui nous avons envoyé le préavis le 10 avril ne nous a même pas accusé réception de ce préavis. A l’heure actuelle nous n’avons aucun contact avec le directeur de l’aviation civile. »

Mlactu : Quelles sont vos revendications ?

François Tauveron : « C’est assez simple. On dénonce la réduction de la capacité opérationnelle du format de la flotte puisque cet été il est prévu de laisser deux canadairs au sol ainsi qu’un avion de liaison. En fait la problématique concerne le budget de maintenance. C’est le gros budget de la base d’avion qui se chiffre en dizaine de millions d’euros. Et aujourd’hui le souci c’est qu’il manque 10 millions d’euros pour assurer l’entretien des avions donc on voit bien qu’il y a un problème. Cette année déjà, ce problème s’était posé et nous avions dû interpeller le ministre de l’Intérieur précédent en lui disant qu’il nous manquait 10 millions d’euros pour entretenir la flotte. L’argent a donc été trouvé mais on est encore dans la même problématique. L’année prochaine, si on n’a pas cet argent, ce n’est pas deux canadairs qui resteront au sol mais peut-être trois, quatre ou cinq ; ce qui serait catastrophique pour notre mission de secours.»

Mlactu : Si cet été, un incendie de grande ampleur se déclare comme en 2003 pourrez-vous faire face ?

François Tauveron : « Clairement, si une saison catastrophique comme celle de 2003 venait à se reproduire, on serait incapable avec les moyens qu’on a de gérer. C’est bien pour ça qu’en 2003, on avait fait appel à tous les pays voisins pour nous donner un coup de main. En fait on est dimensionné pour une saison « normale ». Depuis quelques années nous n’avons pas eu beaucoup de feu catastrophe et évidemment le comptable de base se dit que les avions ne volent pas beaucoup et que si on en enlevait quelques-uns, ce serait plus rentable. Le problème c’est que cette vision comptable fait son chemin dans l’administration. Or on ne peut évidemment pas résonner avec une vision comptable puisqu’en quelque sorte on est une assurance. »

Mlactu : Dimanche vous entamerez donc la grève mais peut-on véritablement être gréviste avec votre mission de secours ?

François Tauveron : « Evidemment dans le cadre des missions de secours, on peut nous réquisitionner et c’est sans doute ce que va faire l’administration. L’idée n’est pas d’avoir aucun avion disponible parce que ça nous poserait des problèmes de conscience donc il y aura forcément des réquisitions. Alors est-ce qu’elles seront partielles, totales ? Est-ce que tous les équipages nécessaires à la mise en œuvre de la flotte seront réquisitionnés ? On ne sait pas. On va le découvrir le 1er juillet. On va voir un peu comment notre administration réagit parce qu’on n’a pas de contact avec elle ! »

Propos recueillis par Benjamin Dahler

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